II A) Lancement commercial et présérie 1975 :

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jeanvoine raymond
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II A) Lancement commercial et présérie 1975 :

Message par jeanvoine raymond »

II A): Lancement commercial et présérie 1975.


En Janvier et Février 1975, le constructeur fait évoluer sur route et sur circuit, en grand secret, six versions différentes du projet E 24 dont certaines assemblées dans la présérie 1974. Les types A 31 et A33 sont bien entendu les plus évolués et l'expérience acquise sur les coupés et cabriolets 504 V6 lancés depuis Septembre 1974 aide à la mise au point. Néanmoins, la version A 33 connaît des problèmes de modulateur sur la boîte automatique GMS. Vis-à-vis des versions quatre cylindres, les types A 41 (moteur XD 2, boite de vitesse mécanique) et A 43 (moteur XD 2, boîte de vitesse automatique ZF) connaissent, eux, des soucis de vibrations en harmonique sur la transmission. Ces modèles, qui donneront un peu de fil à retordre aux techniciens, prendront du retard dans la mise au point de ce fait.

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II A10) 28-2-75, cette E 24 immatriculé 9730 XG 75 teste la motorisation 4 cylindres XN 2. Noter une ceinture de caisse avec baguettes provisoire et rétroviseur "Geco" à double pivot (Coll. Musée Peugeot).

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II A11) E24 n° 504 immatriculé 448 YF 75 le 27-02-75. Equipé du moteur XD 2, cette voiture teste l'ensemble mécanique sur piste. Trois véhicules avec cette motorisation était affectés à ces essais (n° 503, 504, 505). Volontairement flouée la photo était destinée à la presse" (ColL. Musée Peugeot).

Les types A 12 (moteur XN 2, boîte de vitesses mécanique) et A 14 (moteur XN 2, boîte de vitesses automatique ZF) reprennent quant à eux l'héritage 504 berline, ce qui facilite d'autant la mise au point, elles seront les premières versions opérationnelles dès Février.
Outre ce panel de véhicules à l’essai, le constructeur établit aussi un cahier des charges pour une version aménagée dédiée aux commandes spéciales. C’est en fait à cette période que les premiers contacts avec Henri Chapron sont entrepris, les choix pour l'habilitation d'un carrossier spécialisé permettant au constructeur de rester dans son rôle de généraliste. Rappelons enfin qu’à cette période E24 "USA" valide ses renforts spécifiques par les tirs au mur, mais sans les équipements définitifs et le projet E 24, dans sa globalité, s'inscrit toujours dans la démarche de remplacement de la 504 avec, en plus, un modèle haut de gamme de la classe des 15 cv.

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II A12) E24 A12 n°638 284 caisse n° 92 teinte 1353 SO, noter le maître cylindre de frein incliné comme sur les futures versions XD 2S (Coll. Musée Peugeot).

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II A13) E24 A14 (Boîte automatique ZF) n° 638 287 caisse n° 97 teinte 1160 BE, (Coll. Musée Peugeot).

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II A 14) E24 A41 à moteur XD2 (il s'agit de 448 YF 75) de la photo ci-avant, (Coll. Musée Peugeot).

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II A 15) E24 A43 (boîte automatique ZF), remarquez l'insonorisant de capot avec clips de fixation qui donnera un standard de fabrication spécifique sur les SL de présérie (Coll. Musée Peugeot).

Tous ces véhicules d'essais, issues d'une fabrication à lancement unitaire, sont identifiables par les points suivants:

-Trois butées de capot dont deux sur les ailes (jusqu’à 6 500 100),
-Relayage "Mixo" pour projecteurs avant (synchronisation des quatre projecteurs en feux route),
-Rétroviseur "Geco" à pivot double,
-Enjoliveurs centraux de roues type 504 CC V6 (percés aux écrous ou non),
-Echappement type 504 CC V6 avec tubes recoupés sur la longueur.
-Certains véhicules ont encore la frappe à froid "504" sur doublure d’aile.

Pour ces berlines, ou le monogramme 604 n'est pas présent malgré une appellation désormais figée, il n'y a pas encore de déclinaison en niveau de finition jusque fin Janvier et les versions "diesel" sont encore des projets en développement. Par contre, dès Février, la gamme 604 est envisagée et le constructeur prévoit les niveaux de finitions GL et SL pour deux variantes à moteur six cylindres (France, export CEE et grande exportation), deux variantes 4 cylindres essence (France et export CEE) et deux variantes 4 cylindres diesel (France et export CEE).

Dans ces niveaux de finition, la GL est envisagée avec l’équipement toit fixe uniquement, vitrage non teinté, sellerie velours, glaces latérales à commande manuelle, parements extérieurs réduits (enjoliveur de bas de marche et cerclage sur jante absents). Ici, les monogrammes de malle sont spécifiques (GL, GL diesel ou V6 GL) et il n'y a que l'option boîte automatique d'envisagée.

Par opposition à la GL, la SL offre de série toit ouvrant, glaces teintées à commande électrique, dotation riche en parement (cerclages inox satiné sur jantes, enjoliveurs de bas de marche, bavette de pare chocs arrière). Dans ce cas, les monogrammes deviennent SL, SL diesel, V6 SL et le véhicule s'enrichi des options sellerie cuir et boîte automatique.

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II A16) Compartiment moteur de A 41 n° 6 500 072 caisse n° 40 (en 604). Noter teinte 1353 DF, injecteur à bride (moteur XD 2), filtre à air type 504, relais de projecteur "Mixo", une seule butée de capot sur traverse, (Coll. Musée Peugeot).



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II A 17) Dépouillée de parements, la V6 GL offre néanmoins une silhouette agréable, (Coll. Musée Peugeot).


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II A18) Cette vue ¾ arrière permet de distinguer le monogramme V6 GL spécifique et un échappement non encore figé, (Coll. Musée Peugeot).

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II A 19) Notez l’absence de cerclage sur jante, d’enjoliveur de bas de marche et une ceinture de caisse avec des baguettes non définitive, (Coll. Musée Peugeot).

Bien que des accords entre Peugeot et Renault furent conclus pour un lancement commercial en commun des modèles V6 en Septembre 1975, en Février, la présentation à la presse est décidée et c'est la 604 V6 GL qui fera la une de l’Auto-journal n°4 du 1 Mars 1975. Les photos, retravaillées, présentent alors comme un prototype la nouvelle berline de Sochaux immatriculée 258 ADD 75. Pour le magazine, qui est le premier à présenter la 604, Jean Mistral décrit le véhicule comme un modèle supérieur à la 11 Cv 504, en ciblant au passage la concurrence par comparaison des dessins de style avec Fiat et BMW et Gilles Guérithault examine la situation commerciale de celui-ci face à Mercedes.
Dans cette analyse, ou le magazine explique que Peugeot place la barre un peu haute vis-à-vis de ses habitudes et qu’il compte sur son réseau concessionnaire pour le succès du modèle, on comprend que la 604 entre dans l'arène avec l'image d'un lion aux dents longues, la concurrence étant d'ors et déjà ciblée.

Plus que Volvo, dont l'idée initiale du marché US demeure, Peugeot et Renault entendent imposer le V6 PRV en Europe, l'un par un concept nouveau de carrosserie, l'autre par l'image classique et préconçue de ce que doit être une grande berline. Avec cet article, publié sous l'aval du constructeur, il transparaît aussi un changement de fond dans la politique commerciale de Peugeot, la pluralité de modèles à la mécanique semblable dans le haut de segment.

Le 7 Mars 1975, la participation de la nouvelle 604 au salon de Genève est décidé. Sans remettre en cause les accords Peugeot/Renault précités, Sochaux souhaite susciter l’intérêt du public et motiver l’attente de l’acheteur potentiel. Sous un autre point de vue, certains ont vu ici une réponse à Renault, ce dernier ayant donné auparavant et de manière tacite, son accord pour présentation par la presse de certains détails sur la future R30. Ces petites opérations, qui affecteront un peu plus la coopération technique entre les deux constructeurs, ne seront que le second point d'orgue, le premier ayant été le lancement de la motorisation V6 sur le coupé 504 en Octobre 1974.

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II A20) La première photo de presse de la V6 SL subit quelques retouches au niveau de la ceinture de caisse et du pare choc avant (pas de décrochement sous calandre, comme le projet E24 de 1973), (Coll. Musée Peugeot).

Nommée vedette de la dernière heure, c’est ainsi que la 604 fit sa première présentation publique au salon de Genève le 15 Mars 1975, une arrivée inattendue qui lui permet de découvrir aussi ses rivales directes qui sont:


-BMW 5.25 et 5.28 au style revu,
-Fiat 130.
-Ford "Granada" 2600 et 3000 (GL et Ghia),
-Mercedes 230/6, 250 et 280,
-Opel "Commodore","Diplomat" et "Admiral",
-Renault R 30 TS,
-Volvo 264,

Dans ce segment, il y a donc pléthore de modèles Européens et le retour de Genève est douloureux de constatations.

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II A 21) Vue générale du stand Peugeot ou la 604 trône sur un plateau tournant (Coll. Musée Peugeot)

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II A22) 15 Mars 1975, la 604 est présentée au public lors du salon de Genève. Sur ce modèle V6 SL "Pierre de lune", on note l'absence de cerclage inox sur roues, le rétroviseur "Geco" à double pivot et la sellerie "Miel", (Coll. Musée Peugeot).


En effet, force est de constater qu'il y a peu de possibilités sur les marchés internationaux et Européens, le nombre de modèles coté haut de segment laissant le choix. Mais il n'y a pas de place non plus pour un modèle "économique" car, en 1975, l’image "véhicule de standing" ne coopère pas avec celle d'un modèle économique au risque d'entraîner alors vers le bas l’ensemble de la gamme.
De fait, les choix commerciaux pour la gamme 604 vont se préciser davantage dès cette période car, pour Peugeot, le déclin commercial attendu de la 504 n'a pas eu lieu, elle reste même le premier débouché du constructeur à l'export.
Les chiffres de vente 504 étant trop bons pour décider un retrait de l'offre au profit d'un modèle nouveau, La 604 ciblée vers deux profils de clientèle à la fois selon ses déclinaisons, cultive un antagonisme nuisible au succès d'une version haut de gamme en 1975.
Pour Peugeot, le lancement du nouveau modèle doit donc être ciblé, la sauvegarde de l'ensemble de sa gamme 504 étant aussi en jeu.

Rompant ainsi avec sa politique commerciale habituelle, Peugeot tente alors de positionner la 604 dans un segment supérieur à la 504 en évitant un quelconque parallèle entre les deux modèles.

Le 21 Mars 1975, la présentation aux services des mines de Paris a lieu pour le châssis 6 500 006 à motorisation 6 cylindres en vue d'une homologation par type pour A31, la version A33 étant présentée le 24 Mars.

En Avril, à l'issue des homologations par type, Peugeot décide une restructuration de l’offre 604 avec pour objectifs premiers une concentration sur le marché des cadres moyens et professions libérales non concernés par la 504. Dans ce but, le constructeur décide une limitation de la gamme au seul modèle "Super Luxe" avec motorisation 6 cylindres uniquement, la remontée du standing étant jugée suffisante par l'offre équipement élargie de ce niveau de finition.
L’aventure 604 perd donc en cours de route toutes les versions quatre cylindres essence et diesel de même la finition GL de la variante 6 cylindres.

Le 17 Avril 1975, le prototype E24-USA-2 est testé au mur à Belchamp (tir n° 274 symétrique) et qualifie la version 6 cylindres à toit fixe et conduite à gauche selon les normes européennes. Cet essai, qui est le premier tir symétrique pour la version V6 à toit fixe, l'essai antérieur étant désaxé sur la version à toit ouvrant (E 24 USA-1) valide le test "colonne". A cette date, le constructeur confirme donc le choix fait en Mars pour une motorisation V6 applicable à tous les marchés dans et hors CEE.

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II A23) Le châssis de contrôle implanté coté droit permet la mesure de la cote restante entre la structure du véhicule et le parcours de la tête du passager, tandis que la mire supplémentaire sur pavillon permet une mesure de son recul (Coll. Musée Peugeot).

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II A24) 17-04-75 à Bel champ, tir n° 274 pour E24-USA-2 qui valide la version conduite à gauche et toit fixe pour le marché CEE à motorisation V6. Sur la photo, le châssis figure en place gauche avec siège avancé, la position la plus défavorable vis-à-vis de la colonne de direction. Détails: le pare choc avant et les feux d'aile des USA (les feux sont encore ceux de la 504), (Coll. Musée Peugeot).


Les 21 et 22 Avril 1975, la présentation du modèle aux salariés de l’entreprise à lieu et 25 voitures sont réparties sur 12 sites. La décision de cette présentation ayant été prise pendant le salon de Genève, les véhicules présentés sont issues de la présérie lancée en début de mois pour qualification méthode et sont caractérisés par:

-Versions avec et sans toit ouvrant confondus (SL & ex GL),
-Rétroviseur "Geco" à pivots double pour ex GL,
-Absence de cerclage inox satin sur jante,
-Silencieux arrière à sorties coudées brise jet sur SL & ex GL.

Sur cette présérie de moins de 50 voitures, certaines ont été assemblées avant la restructuration de l’offre commerciale. Dans la finition, les unes possèdent le standard GL, les versions SL ayant le toit ouvrant de série. Après restructuration de l’offre, toutes les GL ont été reprises pour mise en conformité avec le standard SL, sauf toit ouvrant, la présentation au personnel ayant lieu après. Le décompte des véhicules présentés est le suivant:

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II A25) 22-04-75, le personnel Peugeot découvre la 604, ici à l'UCS de Sochaux, (Coll. Musée Peugeot).

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-6 voitures à l’usine de Sochaux,
-2 à l’usine de Bart,
-1 devant le STR de Super Est,
-1 à l’imprimerie de Châtenois,
-3 voitures pour les usines d’outillages de Pont de Gland,
Audincourt et Valentigney,
-1 à l'usine de Pont de Roide,
-1 à l’usine Semas d’Hérimoncourt,
-1 à l’usine de cycle de Beaulieu,
-5 à Peugeot Mulhouse,
-2 pour Vesoul qui seront présentées le 7 Mai,
-1 à l’usine de Dijon,
-1 à l’usine Indénor de Lille.

La présérie d’Avril débute à 6 500 100 environ et est identifiable par:

-Relayage de projecteurs "Mixo" jusqu’à 6 500 137 environ,
-Relayage de projecteurs "Cartier" après 6 500 138 environ (suppression de la synchronisation feux de route / feux de croisement),
-Cinq butées de capot (montage des ailes à butées jusqu’à épuisement stock),
-Ex GL remises au standard SL mais identifiables par le vitrage clair, des vitres arrière à commande manuelle, toit fixe.


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II A26) Jusqu'au châssis 6 500 137 environ, le couplage feux route et feux croisement était obtenu grâce à l'adoption d'un relais "Mixo", un dispositif peu fiable que Peugeot abandonnera jusqu'à 1977 ou l'adoption d'ampoule H4 à double filament permettra de revenir à cette solution, (Coll. Musée Peugeot).


Le bruit fait à l’échappement par cette série de véhicule n'est pas jugé favorable par le constructeur. En effet, l’ouverture du vé moteur combiné au décalage d’allumage qui en résulte entraîne une marche irrégulière au ralenti confondue par des toussotements à l’échappement. Pour la série de Mai, un nouveau silencieux arrière, mis au point en janvier et programmé depuis Février, apparaît sur chaîne. Son rôle, via une sortie en sifflet, le maintien d’une contre-pression dans la ligne qui gomme en partie le bruit moteur. Avec l’EGR, le ZM 112 C connaît de façon moindre ce phénomène, ce qui motiva le maintien des sorties coudées vers le bas sur les exportation dotées de cette motorisation.

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II A27) Sur cette SL de la pré série d'avril 1975, on distingue l'échappement coudé et sorties brise jet d'eau, (Coll. Musée Peugeot).



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II A28) Dessous cette A 33 présérie Avril 1975, on note l’échappement à sorties coudée brise jet, les câbles de frein à main qui ne passent pas encore dans les bras de suspension puis les pares chaleur sur échappement protégeant plancher et câbles (un est démonté).Pour cette photo, le véhicule est soulevé grâce à l’outillage 8.1507 D, (Coll. Musée Peugeot).


En Mai 1975, l’assemblage des SL de la présérie démarrée en Avril continu sur une chaîne non encore dédiée au modèle et où l’objectif principal est la qualité. Pour ce mois, c’est la tranche postérieure aux châssis 6 500 150 environ qui débute, les véhicules assemblés étant identifiables par:

-Cinq butées de capot avant dans la majorité des cas,
-Rétroviseur extérieur "Geco" mono rotule,
-Echappement à sorties en sifflet,
-Relayage double "Cartier" pour optiques avant,
-Châssis de toit ouvrant brun chocolat RAL 8013,
-Combiné "Véglia" à croix blanche en première monte.

Historiquement, Mai est la dernière période où toute la série 04 est présente sur chaîne, la 604 prenant le relais de la 404.

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II A29) Dessous cette A 33, on distingue les pares chaleur protégeant câble de compteur, soufflets de crémaillère, cylindre récepteur sur BVM (non représenté ici) et tuyau de dépression au modulateur, (Coll. Musée Peugeot).

Ce même mois, 300 journalistes essayeront cette grosse berline "à la Française", les 45 véhicules mis à disposition étant issues des préséries de Mars et d'Avril pour les automatiques (33 A31 et 12 A33 des châssis 6 500 035 à 6 500 108).
De ces essais presse, on peut retenir un avis partagé sur le véhicule, la comparaison avec les produits d’outre-Rhin étant toujours établie. Parmi la critique, on trouve:

-"le nouveau journal" juge le véhicule moins onéreux mais assimilable à la Mercedes ou la BMW, la reprise en moins;
-"L‘est Républicain" trouve la voiture très réussie, soignée, confortable, souple et silencieuse mais à la visibilité vers l’avant trop restreinte pour les passagers arrière;
-"Le Monde" qualifie la 604 de prestigieuse mais manquant de nervosité;
-"Les échos" pronostique les ventes réussies mais constate un manque de puissance;

-"Les dernières nouvelles d’Alsace" trouvent un moteur nerveux mais des vibrations à l’arrière en virage serré;
-"L’Express" un concentré des qualités de la marque, un bilan positif;
-"Le Figaro" s’exprime sur une berline de grande classe, à l’aise dans tous les milieux sauf la boite automatique en montagne;
-"France-soir", tout d’une voiture de cette classe sauf le moteur.

D’une façon générale, la presse Française fait éloge du confort dynamique, de la sellerie, des suspensions, freinage, direction mais critique la motorisation en terme de nervosité.
Coté presse étrangère, les appréciations vont dans le même sens avec reconnaissance d’une suspension typique "à la Française" mais aussi une critique moins virulente sur la motorisation.

En Juin, les essais presse s’achèvent tandis qu’une campagne photographique commence pour les voitures de la présérie d’Avril.

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II A30) Séance photo catalogue pour cette SL le 28 Mai 1975, (Coll. Musée Peugeot).

Le même mois, un lancement commercial depuis Sochaux est décidé pour le mois d’Août, un clin d’œil fait au lancement de la 302 en 1932.
Pour cet objectif, une présérie de 500 véhicules est alors lancée, avec début à 6 500 400, un stockage à la succursale de Montbéliard étant choisi. Cette série chevauchera Juin et Juillet, c’est elle qui fait l’objet du film publicitaire dédié au lancement du véhicule.
Dans la programmation, quelques exports GHI 106, 107 et 122 sont lancés. Pour les véhicules de cette présérie (6 500 400 à 6 500 900 environ), le montage carrosserie s’effectue toujours par circulation transversale sur plusieurs lignes (d'où la présence d'autres modèles sur la chaîne), la qualité étant encore une fois l’objectif principal. Ici, le standard finition GL n’existe plus mais le châssis de toit ouvrant, pour les véhicules qui en possède un, est toujours inclus dès l’atelier ferrage. De même, les raccords sellerie, de teinte noire, sont toujours exécutés au pinceau.

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II A31) Sur cette A 31 6 500 300 assemblée en Mai, les raccords sellerie sont exécutés au pinceau (Coll. privée Jeanvoine).

En Juillet, pendant que la chaîne poursuit sa fabrication et que la campagne publicitaire noie Paris de 604, Chapron présente une première épure de sa version aménagée et dédiée en commande spéciale, à Belchamp, la qualification définitive du véhicule avec conduite à droite et toit ouvrant a lieu avec le tir au mur symétrique n° 286.

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II A32) Tir n° 286 à Belchamp le 9 Juillet 1975, 64 Km/h au lieu de 46 afin de compenser le tir au poids à vide et non en charge (la règle de proportionnalité est appliquée), pour cet essai, la mire supplémentaire de pavillon est adoptée, le support représente le parcours de la tête des passagers avant, il est implanté côté droit. Le carton scotché sur le pare brise évite les reflets de projecteurs sur les caméras d’enregistrement puis les éclats de brisure en cas d'éjection. Sur la photo, la position du montant de baie avant l’impact est représentée en filiforme (Coll. Musée Peugeot).


Fin Juillet, on compte près de mille berlines 604 assemblées depuis Janvier.

En Août, 410 véhicules sont préparés, quelques-uns provenant de la présérie de Mai (de 6 500 210 à 6 500 800 environ). La particularité de ceux-ci est leur teinte soit "Brun de Santal", soit "Pierre de lune", soit "Vert torrent", les trois seules couleurs "métallisées". Outre la dé protection, le montage des rétroviseurs (Geco mono rotule), des enjoliveurs de roues, les pleins et l’immatriculation des voitures constituent le gros du travail de préparation.

Les 21 et 22 Août, la société GEFCO transfère les voitures de Montbéliard à Belchamp pour mise en place sur la ligne droite du circuit juste avant l’anneau d’endurance.

Le 27 Août 1975, le lancement officiel de la 604 a lieu et près de 600 invités arrivent en gare de Sochaux. Opération sans précédant, elle mobilise:

-410 berlines stationnées à Belchamp,
-10 bus SAVIEM de transport d’invités,
-4 fourgons J7 pour le transfert bagages,
-1 voiture de dépannage,
-1 voiture de présentation.

A l’arrivée des invités, les navettes J7 mettent en place les bagages sur les sièges arrière des voitures identifiées par concession et direction régionale (les immatriculations dérivent de cette identification).
Après un repas à l’Hôtel de ville de Sochaux, un transport en bus jusqu’à Belchamp mène les concessionnaires sur l’aire de dérapage où la remise du véhicule a lieu sur un parking en épis. Pour ce départ, le véhicule subit d'abord un passage sur l'anneau d'endurance en vue de la mise en température.



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II A33) Sur cette photo prise le 27 Août 1975 vers 10 h, 408 berlines 604 sont rangées, deux berlines étant déjà en place à Sochaux (9216 WWC 25 et 9219 WWC 25 normalement présente sur la rangée de gauche à l’emplacement du dallage), (Coll. Musée Peugeot).


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II A34) Devant le centre d’essais de Belchamp (mur au fond à droite) figure un 504 coupé V6 avec jante TRX et deux 604 dont une est le véhicule de dépannage, (Coll. Musée Peugeot).

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II A35) Devant le centre d'essais, où un parking en épis fut tracé sur l'aire de dérapage, la remise du véhicule à chaque concessionnaire a lieu vers 16 h après un tour de chauffe sur l'anneau de Belchamp, (Coll. Musée Peugeot).

En Septembre 1975, la chaîne redémarre toujours sans ouverture* au montage et la vente officielle des premières 604 de présérie a lieu.
Dans la première semaine de Septembre, tous les véhicules produits en Mai et Juin seront immatriculés, ceux assemblés en Juillet l’étant dans la deuxième semaine. Dans ces deux vagues, rares sont les A33 produites, les problèmes de modulateur ayant persistés jusqu'en Juin.

Les véhicules assemblés à partir du mois de Septembre sont tous au standard SL avec ou sans toit ouvrant, la différence étant que cette fois-ci, les châssis sont inclus au montage carrosserie pour cette option et que leur couleur est noir RAL 6001. Dans ce même mois, avant livraison de tous véhicule, un nouveau cric à parallélogrammes renforcés est mis en place et sur chaîne, des nouveaux supports de traverse train arrière sont montés permettant un coincement du cric sous charge. Cette modification, assez conséquente, résulte d’une stabilité sur cric prise en défaut par deux fois lors d’essais routiers.

Parmi les premiers clients, les parcs interministériels où près de 60 véhicules sont livrés entre le 15 et le 20 Septembre 1975 et ou une procédure de suivi particulier de tous les véhicules est élaborée. Ainsi, un entretien aux premiers mille kilomètres sera mené par Peugeot la Garenne, les entretiens suivants se faisant par le garage de l'école militaire de Saint-Cyr.

Viennent ensuite les clients de la marque, sélectionnés par les concessionnaires, ou des représentants locaux de l’autorité publique. Les premières 604 évolueront donc avec un suivi particulier, la réputation du modèle se faisant.







(*) Le montage carrosserie s'effectue en plusieurs passages successifs sur les lignes.
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